Départ le 15/08 en même temps que nos voisins de ponton Florence et Géry sur Sanstracas. Les formalités de sortie de territoire se déroulent relativement rapidement. Quelle idée peuvent se faire de ces nantis voyageurs que nous sommes ces douaniers et policiers aux ordres d’une absurde bureaucratie ? L’un d’eux, après nous avoir demandé combien de temps nous mettrons pour aller aux Canaries, nous comparera malicieusement à des escargots.


Dans l’idée d’éviter si possible une rencontre avec la belle espèce protégée dévoreuse de safrans, nous longeons d’abord au moteur la côte marocaine au plus près pendant une vingtaine de milles, avant que le vent ne s’établisse rapidement. Nous nous en écartons ensuite franchement pour éviter filets et pêcheurs. Puis les conditions deviennent rapidement très musclées avec un vent entre 20 et 30 nœuds et une mer forte et très désordonnée dans la laquelle nous préférons le grand largue au vent arrière avec génois tangonné. Nous n’avons pas utilisé cette « chose » depuis des lustres et une manœuvre douteuse, comme la casse d’un capot, pourrait vite devenir gravissime. Ce (non) choix nous rallongera la route de presque 100 milles pendant que l’équipage de Sanstracas aguérri à l’usage du tangon sur leur rapide First 45 F5 nous mettra une dizaine d’heures dans la vue. Comme quoi, la ligne droite est parfois le plus court chemin. Mais l’essentiel est d’arriver entiers, bateau et bonhommes (et bonnes femmes si on tient à l’inclusif). À noter l’utilisation du troisième ris que nous n’avions jamais pris en 15 ans et qui bien sûr, n’était pas en place. Nous arrivons de nuit en vue de la Graciosa après quatre jours de navigation mais freinons pour arriver de jour (toujours la peur des filets) dans ce bel endroit que nous ne connaissons pas et mouillons dans la baie des Français, seul mouillage aujourd’hui autorisé sur les trois abris naturels de cette petite île devenue réserve naturelle. Une mention spéciale pour notre nouveau pilote : mais comment fait-il ? Pourvu que ça dure !


Nous restons au mouillage de la Graciosa quelques jours avant l’arrivée d’un coup de vent bien que, du vent, nous en aurons tout de même un matin jusqu’à 38 nœuds. Exploration de Puerto de la caleta del Sebo et balade pour gravir les 175 m de la Montagne jaune, le volcan effondré situé au-dessus de la plage des Français. Nous profitons de cette pause pour constater que les taquets soutenant le plancher du grand coffre arrière se sont décollés et que ledit plancher repose maintenant en vrac sur la coque et dans une quantité d’eau assez conséquente dont il est difficile de trouver la nature : eau salée ? Eau douce ? Condensation ? Grosse vague ? Nous nous décidons finalement pour un liquide saumatre sans aucune certitude sur son origine et entamons ce nouveau chantier pour redonner un peu de sécheresse à ce coffre et de l’horizontalité à ce plancher grace à une débauche de Sika.

Tanger-La Graciosa