Les 25 miles pour rejoindre Arrecife et la Marina Lanzarote se font au portant et c’est avec appréhension que nous nous faufilons dans l’étroite travée pour nous amarrer à la place qui nous a été attribuée. Outre la visite de cette île aux mille volcans, accompagnés par notre fille Mélissa qui a décidé de nous rejoindre pour une semaine, cette escale devrait nous permettre également de résoudre différents soucis techniques comme le changement d’antenne et de câble de la vhf (toute neuve et qui, pour cause, le câble était coupé en deux dans le mât, ne reçoit ni n’émet) ainsi que celui d’un de nos deux panneaux solaire qui a défunté, la réparation d’une couture de la capote très fatiguée ou trouver, via un spécialiste, l’origine de la panne de notre radar.
Lanzarote est une île fascinante qui ne ressemble à rien de ce que nous connaissons. Bien que n’y étant jamais allé, la comparaison avec la Lune ne semble pas excessive. Les plaines de lave pétrifiée qui s’étendent sur des dizaines de kilomètres jusqu’à la mer nous rappellent la puissance de cette petite boule sur laquelle nous nous agitons. D’autant plus que ces irruptions sont assez récentes puisque datant de 1730 et ayant duré six ans. Contrairement aux espèces animales et végétales que nous exterminons dans un silence aussi lucratif qu’assourdissant, l’existence de notre planète ne sera jamais menacée par la vanité et la folie humaines sauf peut-être à faire péter tous nos missiles nucléaires d’un coup d’un seul. Notre terre appartient à un système très complexe qui nous dépasse. Privée de vie durant de longs millénaires, ayant soufflé le chaud et le froid, elle nous regarde passer, sera là bien après nous et doit trouver très ridicule et dérisoire la dernière création totalitaire de Bruxelles, le Digital Service Act destiné à lisser la pensée des bipèdes occidentaux et éliminer tout discours dissident. Non ce n’est pas de la censure puisque c’est pour notre bien.
Tout ça pour dire que les paysages de Lanzarote sont un régal pour les yeux qui devrait nous pousser vers plus d’humilité. Ses habitants, bien que voyant défiler tout l’année des touristes, qui sont aussi leur gagne-pain, sont pourtant toujours agréables et serviables. Une certaine île française pourrait d’ailleurs s’inspirer de cette bonne humeur… Une mention spéciale pour les fereterias locales qui sont de véritables cavernes d’Ali Baba : on y trouve tout, le personnel est compétent et en nombre, un peu comme chez nous dans les années soixante du siècle dernier.
Épisode sportif. Comme nous avons apporter notre matériel d’escalade et qu’il commençait à sentir le renfermé, il a bien fallu l’aérer ; c’est une mini falaise, en fait un gros crachas de volcan, qui a vu nos pieds, malmenés par des chaussons tortionnaires, chercher de rugueuses adhérences. De quoi s’occuper une matinée dans un décor grandiose avec personne autour de nous (on a beau aimer les gens…).
Pour l’heure, luttant avec acharnement contre un virus canarien ou aéroporté par notre fille, nous attendons que le Cairn ressemble un peu moins à un sanatorium pour reprendre la mer et changer d’île. Nos nouveaux amis de Santracas, après de nombreuses libations, nous ont quitter pour reprendre pendant trois mois leur métier de camelots. Cela fait un vide. Ils reviendront sur leur bateau après les fêtes de Noël et fileront sur la Casamance.