Départ de Gran Tarajal pour le sud de l’île et un mouillage très secouant devant la plage de El Jable. Les Canaries de par leur configuration n’offrent pratiquement aucun abri réellement protégé de la houle à part celui de la Graciosa et il semble illusoire de vouloir pratiquer une navigation méditerranéenne dans cet archipel en passant d’un mouillage à un autre. Même quand ça ne bouge pas, ça bouge quand même. Du coup, les ports représentent l’unique solution pour dormir sur du plat mais nécessitent un budget conséquent même si les prix pratiqués n’ont rien à voir avec ceux de la Grande Bleue. Le port permet également de refaire le stock de provisions et d’eau, de se laver à l’eau chaude (pas toujours) et d’avoir l’esprit tranquille lorsque nous quittons le bord : pas d’angoisse du vent qui monte et du bateau qui dérape (ou ceux des autres). Pourtant, une nuit pour un bateau de 13 m comme le nôtre tourne autour de 30 euros et je vous laisse calculer combien votre tirelire devra contenir pour un séjour de deux ou trois mois qui ne seront pas une durée excessive si l’on veut découvrir tranquillement toutes ces îles autrement qu’au pas de charge. Et faudra t-il encore qu’un port veuille bien vous accepter ce qui n’est pas du tout évident au moment des transhumances vers les Amériques.
Certains objecterons qu’il s’agit là de problèmes de riches et je répondrai sans équivoque que ce n’est pas faux mais que tout le monde ne navigue pas sur des Amel de 54 pieds et qu’il existe toujours et heureusement des jeunes, ou de moins jeunes, qui voyagent sur de très vieux petits bateaux où le luxe n’est autre qu’un sentiment (hypothétique ?) de liberté.
La traversée vers Gran Canaria se fait à bonne vitesse dans les meilleures conditions avec une quinzaine de nœuds de vent de travers et une mer plutôt hospitalière. En fin d’après midi nous jetons l’ancre dans le mouillage encombré, bruyant, secouant et sous le vent des ferries, cargos et paquebots mais cependant payant de Las Palmas. Malgré un rallye de l’Arc très envahissant et squattant la quasi totalité des places visiteurs avec ses plus de deux cents bateaux attendus, Carole ira pourtant négocier le lendemain avec succès une place au port pour trois jours afin que nous puissions explorer la diversité de Gran Canaria avant de retourner pour plusieurs jours sur le mouillage pas très sympathique de Las Palmas pour attendre une bonne fenêtre permettant de traverser sur Tenerife.
C’est avec plaisir que nous retrouvons une couleur qui commençait à nous manquer : le vert. Gran Canaria possède en effet une végétation parfois luxuriante et en altitude, des forêts de pins endémiques aux Canaries. L’île est parfois comparée à un continent tant les paysages y sont variés. Entre les dunes du sud et El Pico de las Nevies le contraste est assez saisissant.


Nous ressortons également la corde pour faire quelques longueurs sur deux sites d’escalade aux environnements très particuliers. L’un à la fois urbain mais face aux rouleaux et grondements de l’océan et l’autre dont l’accès bien que rapide représente déjà un objectif de promenade original. Et à chaque fois, des rochers pour nous tous seuls !
Quant à Las Palmas, cette grande ville ne nous a guère emballés. Peut-être ne l’avons-nous pas assez explorée.

Gran Canaria