L’archipel, posé au milieu de l’Atlantique, a gardé son caractère à la fois sauvage et magnifique. Côtes déchiquetées et verdoyantes, peu ou pas urbanisées et dominées par des caldeiras, émerveillent les yeux du navigateur qui découvre ces îles au petit matin.
Horta sur l’île de Faial est le point d’atterrissage de nombreux voiliers qui rentrent sur le vieux continent. Trouver de la place dans le port est illusoire à la saison des retours ouest-est. En revanche, l’avant-port offre un bon abri sauf quand le vent et la mer viennent de l’est. Tout comme celui de Las Palmas aux Canaries, le mouillage est cependant payant et les formalités un peu fastidieuses pour un territoire appartenant à l’Espace Schengen.
La ville est très agréable et paisible. Tradition oblige, il paraît aussi que ne pas le faire porte malheur, nous marquons notre passage, malgré le manque de place, en peignant maladroitement et avec peu de moyens, un comble pour des graphistes, le logo de Cairn. Certains équipages ont réalisé ici de véritables œuvres d’art et c’est un plaisir de déambuler sur les quais et de découvrir parfois la trace d’un bateau connu. Lieu incontournable, le café Peter’s bar, nous accueille pour un premier vrai repas depuis longtemps.
Le matin de notre départ pour Terceira, nous apercevons Étoile Horizon au mouillage. Nous avions sympathisé aux Antilles avec ses occupants qui, arrivés de nuit, doivent dormir… Tant pis, on se fera signe sur WhatsApp. Puis, comme d’habitude, ce sera la mer et le vent qui décideront de notre prochaine escale qui se fera sur l’île de Sao Jorge devant le petit port de Marina das Velas. Nuit un peu agitée.
Le lendemain, après avoir longé au moteur la côte sud de Sao Jorge, un bord de près nous conduit à Angra do Heroísmo sur Terceira où nous prenons une place port pour trois jours.
Lessives, avitaillement, diverses réparations, balades dans la ville et même un soir, luxe suprême, petit restaurant. Voilà encore un endroit tranquille et beau (inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO) que nous aurons du mal à quitter. Comme en témoigne la gentillesse de ses habitants, ici pas de stress.
Mais il faut bien continuer notre chemin. La Méditerranée est encore loin et les fenêtres pour la rejoindre pas franchement évidentes. Pour cela nous décidons de nous positionner sur Santa Maria, l’île la plus au sud des Açores située à 150 milles de Terceira. Ce sera une navigation rapide et musclée sur la fin. Heureusement le port de Vila do Porto est bien abrité. Nous resterons sur Santa Maria une dizaine de jours pour attendre des conditions favorables pour faire le millier de milles qui nous sépare de Tanger. Philippe sur Azulado nous y rejoindra pour quelques jours après une tentative avortée contre vent et mer pour aller vers le nord du Portugal. Balades, courses, repos pour ce havre de paix hors du tumulte qui agite le monde.
Le 25 juin, nous quittons les Açores avec un vent de face, au moteur, en espérant que passé le dernier cap nous pourrons faire de la voile. Nos vœux sont exaucés, une allure de travers-bon plein, plutôt près serré en arrivant sur Tanger, nous permettra en huit jours de rallier l’Afrique sans rencontre désagréable avec nos amies les orques. La boucle est bouclée. Mais reste encore a passer Gibraltar en évitant toujours ces charmants mammifères joueurs.
Après trois jours à Tanger, nous longeons la côte jusqu’à Ceuta en essayant de rester dans la ligne des vingt mètres. Cette stratégie avait marché à l’aller, et finalement, fonctionnera aussi dans l’autre sens.
Deux jours au mouillage à Ceuta pour attendre la fin d’un coup de vent d’ouest puis nous mettons le cap sur Gata avant de gagner Minorque où nous retrouverons nos filles pour quelques jours.